sans titre

"En trois lignes, soyons attractifs, assez... Il me faut m’adresser à un enfant de cinq ans, amenez-en moi un (un enfant de cinq ans) ; son désir, c’est ce qu’il a sous les yeux, puis dans les mains. Mon désir, c’est la région qui est devant moi...

Voilà. Je fais des peintures et je les mets en boîte, on dirait des vitrines dans lesquelles on pourrait mettre plein d’objets (sauf que là, ils sont peints) précieux, à moi, rien qu’à moi. Et si jamais on y touche, pire, si on me les vole, mes trésors, j’ai envie de pleurer parce que je suis très malheureuse, très, quand ça arrive. Mais au fond, je ne suis pas quelqu’un de triste...

Fard... Un rouge à lèvre, des dessous chics et puis pas chics, ou même jouets, fleur et verre à boire, un flacon, une poupée, quelque pin-up où que je sois... Des accessoires de femme, et je souris, peut-être le contenu de mon sac, sac à main de femme, tout se déplace sous le verre à boire, j’ai mal au ventre, monde en conserve, je me mélange, féconde, même de côté, de quel côté, où je m’inverse, je me pèse, pèse pas lourd, même trop lourd, au fond, je n’ai plus de fond... Je suis blanche dans l’espace, un peu vide, non-finie, suis silhouette, silhouette au puits, dans le désir, à l’ombre de mes traits, dans le contours, se repentir enfant jusqu’à la trace, je m’efface, une impression de déjà-vu, de souvenirs, de vitres-flash, dans un écart de féminité, jusqu’à son rouge, exact, fille d’aquarium sans son public, j’ai mal au ventre, je me déplace dans un secret de femme, je glisse, dans un bocal en nostalgie... Je me regarde, garde en mémoire, tous les plaisirs, fleur et verre à boire de whisky, le goût, l’odeur de mes humeurs en forme de glaçons, coquelicot, le cœur en boîte, un cabinet de désirs, de déjà dit, ou de curiosités... À la fin, il n’y aura plus que moi..."